L'éducation, l'informatique et le libre (CRANS, 2013)
Résumé
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Les rapports entre éducation et informatique sont aussi anciens que l'informatique elle-même (Bush, Turing, Licklider, Engelbart…)
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Les questions liées à l'éducation sont à l'origine de nombreuses innovations informatiques (Papert et le LOGO, Kay et le langage orienté objet, Negroponte et le "netbook", Sugar et l'interface mono-application, etc.)
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Cessons de dire « éducation numérique ».
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La place du libre dans l'éducation, c'est :
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les livres du domaine public (projet Gutenberg)
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l'encyclopédie libre (Wikipédia)
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l'encyclopédie libre pour les 8-13 ans (Vikidia)
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les manuels de mathématiques (Sésamath)
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la suite d'exercices et de jeux (Gcompris)
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les distributions libres orientées éducation (Edubuntu)
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le projet Sankoré : ressources libres pour les tableaux numériques interactifs
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OLPC France (ressources pédagogiques francophones pour la plate-forme libre Sugar)
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Le libre est aussi important pour l'éducation que l'éducation est importante pour la liberté.
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Il y a trois débats à ne pas confondre :
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le débat entre « pédagogistes » et « républicains »
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le débat pour l'usage (ou non) des logiciels et contenus libres à l'école
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le débat : faut-il enseigner l'informatique comme science ou faut-il former à l'usage des outils informatiques ?
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Chacun se situe dans ces trois débats. Voici comment je me situe :
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je suis de fibre plutôt républicaine (i.e. pour la transmission des connaissances, pour l'importance du maintien de l'autorité de l'enseignant, pour l'assise de cette autorité sur l'amour de la discpline) ;
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je suis pour l'usage du libre à l'école ;
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je suis pour l'enseignement de l'informatique à l'école.
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Je suis donc contre :
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l'idée que les pédagogies alternatives représentent en elles-mêmes une solution ;
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l'idée qu'il n'est pas important de distinguer le libre et le propriétaire à l'école …
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l'idée qu'il faut enseigner les usages plutôt que la programmation elle-même.
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Ce contre quoi je me positionne forme un tout assez cohérent : ce sont les mêmes « voix » qui poussent pour l'apprentissage des usages (tout en disant que les enfants savent déjà tout faire, en tant que « natifs du digital »), pour l'adoption de solutions propriétaires (qui réduisent l'utilisateur à un consommateur) et pour les pédagogies alternatives (censées être plus adaptées aux compétences de ces natifs du digital, telles que le fameux multitasking.)
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L'importance du libre est occultée par trois choses :
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les médias, qui accaparent notre attention avec des outils à la mode et des success story pédagogiques (obstacle médiatique) ;
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notre administration, qui rend compliquée d'investir l'énergie des enseignants et des élèves dans des outils et des contenus libres (obstacle administratif) ;
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la technologie, qui par nature attire l'attention sur elle-même au lieu d'être un organe pédagogique « transparent » (obstacle technologique).
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Investir dans le libre éducatif est une bonne chose car :
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le libre dure longtemps ;
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l'investissement dans le libre peut se faire en marge de toute validation ou incitation administrative (cf. Sésamath) ;
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le libre permet des économies d'échelle pour l'administration ;
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contribuer à des outils et des contenus se fait sans exclure aucune méthode pédagogique ;
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le libre encourage une attitude pédagogique à l'égard des logiciels : quand un bug survient, l'élève et/ou l'enseignant sont responsabilisés au lieu d'être infantilisés (voir la métaphore la crumple zone chez Walter Bender) ;
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Investir dans le libre, c'est se donner les moyens d'acquérir un point de vue critique à l'égard des technologies et pédagogies révolutionnaires que les médias mettent en avant.
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Assume nobody else has any idea what they're doing either. C'est le meilleur moyen d'avancer…
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